tables géométrisent l'espace. Des tables de quatre, six et douze places. Tout est blanc, presque
médical.
Holden est installé sur l'une des plus grandes tables. En face de lui, Romain avale ses rognons à
grands renforts de bruit, un peu de sauce coule sur son menton.
Holden a un haut le coeur. Il repose ses couverts et repousse devant lui son assiette sans y avoir
quasiment touché. Il se laisse glisser au fond de sa chaise et balaie la salle du regard, désoeuvré. Il
aperçoit alors Justine
Elle est seule à une table, au fond de la salle, tout contre les grandes baies vitrées. Sur sa table, il y a
une nappe rouge en papier. Devant elle, une simple assiette de fruits, des quartiers de
pomme et un raisin. Elle picore négligemment dedans, sans appétit, les yeux perdus dans le vague,
au delà des baies vitrées. Ses grands yeux bleus sont embués de larmes. Elle rêve ou s'ennuie prodigieusement. Elle est belle.
Holden est subjugué par le ballet de sa main blanche qui semble voler entre l'assiette et sa bouche.
Ses dents blanches croquent les grains de raisins un à un, tout doucement.
Deux élèves, deux garçons, viennent soudain à côté d'elle, leurs plateaux à la main, désignant les
places vides face à elle.
HOLDEN (TOUT BAS)Justine lève à peine les yeux sur eux. Elle prononce quelques mots qu'Holden ne parvient pas à
Non! Partez.
entendre. Les deux garçons s'assoient face à elle.