Les passants la croisent sans la voir, la bousculent sans s'excuser. A chaque fois, Justine accuse le coup, se recroquevillant un peu plus sur elle-même et accélérant en même temps le pas.
Un homme l'interpelle. C'est un SANS ABRIS. Il doit avoir la quarantaine; ou peut être juste vingt ans. Il a un grand imper noir et un pull en laine beige. Il a été beau avant la misère.
SANS ABRISJustine s'arrête.
T'aurais quelque chose pour moi?
JUSTINE
J'ai pas d'argent.
SANS ABRISIl ouvre son imper, soulève son pull crasseux et sur son torse lui montre l'endroit du coeur.
Je te parle pas de ça.
SANS ABRIS
Le reste ne nous fait pas vivre, non?
Justine est confuse. Elle balbutie quelques mots inaudibles. Le sans abris prend son bras et le serre dans sa main.
SANS ABRISJustine tente de se libérer, prise de panique.
Un peu de chaleur, un peu d'étoiles... c'est tout.
JUSTINE (AFFOLEE)Le sans abris la lâche soudain, désolé.
Je ne sais pas de quoi vous parlez. Je n'ai pas ça. A peine
pour moi alors.
SANS ABRIS
Alors, t'es plus pauvre que moi. T'as tout à espérer.